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          Nous sommes le mercredi 23 Août... Paris vient. d'être libéré, à cette annonce les cloches de l'église et du temple sonnent à toute volée pour saluer cette bonne nouvelle. Le soir, à Ganges est prévu une grande manifestation de réjouissance. Vers vingt heures trente un petit groupe de trente habitants de Cazilhac-le-Haut, après avoir chanté une vibrante Marseillaise, sur la place de La Marianne se rend à la Mairie où un important cortège se forme ; grossi de quelques dizaines d'habitants de plus et drapeau de la Commune en tête, ils se dirigent sur le chef lieu de canton vivement salués par les Gangeois à leur fenêtre ou dans la rue.

 

          Ce soir là, c'est l'allégresse sur le plan de l'ormeau. On chante, on danse jusqu'à une heure avancée de la nuit.

 

          Le retour du groupe de Cazilhac, un peu épars, s'effectue vers une heure du matin. Tout ce petit monde s'endort avec un apaisement au cœur.... pour peu de temps...

 

          Aux environs de six heures du matin des bruits de véhicules militaires, de sabots de cheval, de chaînes de vélos, de pas de bottes aux talons métalliques qui martèlent le sol, sortent de leurs lits les habitants du centre du village. Et avec quelle stupeur ! Certains pensent qu'ils vivent un cauchemar tellement le contraste de vision est important. Et, le renversement de situation en quelques heures dépasse leur imagination.

 

          Une colonne de trois mille soldats allemands en provenance de Clermont-l'Hérault traverse le village et se dirige sur Nîmes sous les ordres du Général Hitche. Celle-ci est stoppée à l'entrée de Ganges par un tir de fusil mitrailleur, posté à l'autre extrémité du Pont-Neuf.

 

          En fait cette colonne ne devait pas passer par Cazilhac, elle devait emprunter la route de St-Bauzille-de-Putois à Ganges. Via Nîmes. Mais ses éclaireurs, une heure auparavant, se sont heurtés au barrage situé au "Pont de Laroque". Après un échange de tirs nourris, ils ont obligé des survivants de ce premier groupe à rebrousser chemin ; pour informer le Général Hitche de ce qui avait été l'objet de leur retour précipité. C'est la raison pour laquelle le changement d'itinéraire Agonès-Cazilhac a conduit cette armée de soldats à traverser notre village.

 

          Les premiers coups de feu entendus par les villageois furent ceux tirés au Pont de Laroque. C'est alors que le village est investi du Pont au Col de la Cire (trois kilomètres d'une armée de soldats, très jeunes pour la plupart). Cette colonne qui vient de stopper son avance fait très vite comprendre aux résidents de la Baraquette qu'elle a déjà essuyé plusieurs attaques. Il y a un grand nombre de soldats blessés, allongés dans les véhicules ou charrettes, bandés de pansement, à divers endroits du corps.

 

          Quelques fusées éclairantes ou balles illuminent tout le quartier du Pont et de la plaine. Certains témoins affirment que c'est grâce à l'ingénieuse réponse faite à des officiers allemands par deux riverains, ayant grossi fortement le nombre de Maquisards, à la demande quantitative formulée par ces officiers, qui aurait instauré cette courte trêve.

 

          Le combat reprend au lever du jour. Il y a peu de maquisards dans la ville, quelques dizaines seulement et pas massivement armés.

 

          Les éclaireurs, par vagues successives, armés de leur mitraillette, traversent le cours d'eau à gué en se protégeant du tir des résistants, derrières des jantes de voiture, en les poussant au fil de l'eau. Les assauts répétés se heurtent aux divers barrages établis par les maquisards. Beaucoup de soldats allemands sont tués lors de ces opérations. Les autres blessés tentent désespérément de se sauver en regagnant la berge de Cazilhac où est cantonné le reste de l'armée.

 

          Le camp de l'Espérou qui est le P.C. du Commandant Rascalon, responsable du Maquis Aigoual-Cévennes, n'est prévenu que vers neuf heures du matin... Les renforts résistants n'arriveront que vers onze heures du matin... A cet instant, il y a soixante maquisards aidés de civils, qui luttent pour contenir l'ennemi dont certains ont réussi à franchir la rivière. La bataille fait rage. On a installé une arme automatique au-dessus de la route du Vigan qui balaye complètement le Pont-Vieux et une autre, installée par le groupe numéro 2 des F.F.I. au sommet du clocher de l'église, arrose copieusement l'ennemi sur les rives de l'Hérault. Un canon antichar ennemi a pris sous son feu les tireurs situés dans le clocher sans les atteindre.

 

          Cette bataille est encore indécise... jusqu'à la première explosion d'un camion de munitions allemand au Pont-Neuf, côté Cazilhac. A la suite de cette "pétarade infernale", sonnent les prémices de la défaite ennemie. Une seconde explosion, d'un autre camion chargé d'obus et de carburant, retentit dans un bruit de tonnerre assourdissant. C'est alors que l'ennemi recule et se replie sur Cazilhac pour le quitter vers dix-sept heures.

 

          Notre village a vécu une journée d'angoisse sans précédent.

 

          Le campement des allemands sur leurs positions a provoqué quelques contacts grossiers envers la population, la contraignant à lui rendre des services de tout genre: boissons, nourriture, réparations de vélos. D'autre, sous la. menace de leurs armes se font remettre bijoux personnels ou objet de valeur. C'est toute une famille à la plaine qui passe un sale moment. Dans un premier temps elle est malmenée à coup de crosse et menacée d'être fusillée avec des réfugiés Sétois. L'intervention d'une parente enceinte auprès de l'officier responsable du groupe va apitoyer l'excitation de l'allemand qui laissera la vie sauve à cette dizaine de personnes.

 

          Deux hommes de nationalité espagnole : François TARREGA et Miguel PEREZ sont pris en otage et fusillés au Pont Neuf. Une habitante du quartier, entre les deux Ponts, est tuée à sa fenêtre, il s'agit de Jeanne MAILLE.

 

          L'aviation anglaise, en début d'après-midi, survole le village sans intervenir. L'attaque est trop dangereuse. C'est évident. Néanmoins elle exécute des vols de recherche sur la route de Brissac au Col de la Cire. Mais l'ombre des platanes, par manque de visibilité, interdit toute entrée en action des chasseurs. Les habitants de Cazilhac-le-Haut (les anciens) se souviennent encore avec quelle rapidité les soldats se précipitaient hors de leurs véhicules pour se camoufler dans les fossés ou les buissons, aux passages répétés de l'aviation.

 

          Une surprise pour les habitants du quartier de la Pilote : d'être accostés par des femmes parlant correctement le français (certainement des Françaises) leur demandant des ustensiles de cuisine et du feu pour faire à manger aux soldats allemands qu'elles accompagnaient.

 

          Suite aux pluies orageuses du 19-20-21 octobre qui provoquèrent un éboulement d'un mur de soutènement, en ce même lieu, 25 ans plus tard, soit en 1969 a été découvert par les Ponts et Chaussés un stock de munitions de l'armée allemande qui comprenait un obus de 55 et un assez grand nombre de chargeurs de mitrailleuses et de fusils mitrailleurs.

 

          Lors du repli, la colonne commet des actes de pillages, de vandalisme et de grossièreté cynique. Le sort du village est livré entièrement à la décision du Commandant. Que peut-il se passer dans la tête d'un officier supérieur dans le cas suivant ? Il se voit dans l'obligation de faire replier ses fantassins devant une résistance, moins quantitative que la sienne. Il compte ses morts (trente), ses blessés vingt, constate la destruction partielle de son matériel de guerre, et sent l'humiliation infligée. Imaginons un seul instant que cet officier soit pris soudainement d'un désir fou de vengeance. S'il faisait mettre tout le village à feu et à sang en guise de représailles comme à Oradour sur Glane ! Remercions la Providence Divine d'avoir fait épargner Cazilhac.

 

          Les quelques résidents, en zone dangereuse, qui ont pu fuir leurs habitations, au retour s'aperçoivent de vol, d'effraction de leurs mobiliers. D'autres ont la désagréable surprise de trouver.., des excréments sur leur descente de lit, leurs draps ou rideaux souillés intentionnellement à cette occasion. Ces actes répugnants ne font que prouver que l'occupant était totalement dépravé.

 

          Après le cesser le feu et la débâcle ennemie, c'est un spectacle "Dantesque" qui s'offre au village et plus spécialement sur la route qui conduit à Ganges. Les morts ennemis, les blessés gisant dans le fossé, transportés par la suite avec des charretons, des munitions, des objets abandonnés en toute hâte ou pour se délester. Quelques chevaux tués furent rapidement dépecés (malgré le gonflement de leur panse avancé et la présence de centaines de mouches...) et consommés par une population affamée. Restriction oblige.

 

          Il y a trois soldats allemands qui sont morts, dont deux ont été enterrés au cimetière catholique par leurs camarades, le troisième par manque de temps est déposé versant sud de la Châtaigneraie de Jeanjacques, (Parking cimetière protestant). Un habitant du quartier de la Pilote découvre un soldat allemand "planqué" dans son poulailler qui se rend avec joie et soulagement. Quelques jours plus tard, un autre caché dans le parc du Château de Monsieur de RODEZ en fait de même en se rendant aux ouvriers agricoles du domaine.

 

          Par la suite, le Conseil vote une somme de cinq mille francs aux victimes des dégradations et vols commis par les occupants. Une souscription publique est ouverte. Elle est organisée par le Pasteur THOLOZAN et le Chanoine BASCOUL, curé de Cazilhac. Monsieur de RODEZ, Maire du village fait un don de cinq cents francs, équivalent à la recette du prix de vente du lait de ses vaches.

 

 

Après la Libération.

 

 

          Ces maires adjoints et conseillers municipaux sont destitués de leur fonction. Monsieur de RODEZ quitte son poste de Maire qu'il occupait depuis quarante ans. Durant ces années-là, il avait été élu Conseiller Général et Député de l'Hérault. Il s'adresse à son Conseil en faisant connaître que de nombreuses municipalités vont être remplacées par des délégations spéciales, entre autres, fort probablement, celle de Cazilhac.

 

          "Il est donc possible que cette séance soit la dernière de celles qu'il ait présidée depuis quarante ans et trois mois. En cette occasion, il est heureux d'adresser ses remerciements émus à tous ses collaborateurs d'aujourd'hui et d'hier qui, avec lui, ont toujours agi pour le bien et dans l'intérêt de la commune en regrettant que les difficultés provoquées par la guerre se soient opposées au développement de la vie communale tel qu'il l'aurait souhaité. Ayant tout fait dans ce sens, il a le sentiment que lui et ceux qui l'ont aidé dans la difficile tâche, n'ont rien à se reprocher." Extrait de la délibération du Conseil Municipal en octobre 1944.

 

          Le comité de libération met en place une délégation spéciale en remplacement de la municipalité : Est nommé Président, Emile ANGUIVIEL qui démissionne le 20 décembre 1944. Raymond PONCET le remplace et présente sa démission le 7 février 1945. Ils sont remplacés par Victor CAMBON à la présidence et Gabriel JOURDAN à la vice-présidence, à la suite des élections du 18 Mai 1945 Clément CAMBON est élu Maire.

 

          Cette même année est entreprise la restauration de la voûte de l'église (effondrée le 16 Août 1939). Le montant des travaux s'élève à 630 828 Francs. La Mairie obtient une somme de 20 000 Francs du secours préfectoral. Le curé du village, le Chanoine BASCOUL, fait un don de 150 000 Francs, soit le quart du montant des travaux. Les 460 828 Francs restant à "trouver" sont couverts rapidement au moyen d'une souscription publique.

 

 

Hommage aux prisonniers de guerre et déportés.

 

 

          Les prisonniers de guerre et déportés expriment le souhait d'organiser la fête Votive, (la faveur de cette organisation étant réservée aux conscrits avant la guerre). Le Conseil accepte leur désir et le décalage de la date habituelle (premier dimanche de Juillet) au premier dimanche d'Août, pour permettre à tous leurs frères d'armes d'être de retour au pays et fêter ensemble ces retrouvailles. Le Conseil décide à l'unanimité que soit offert un vin d'honneur à cette occasion.

 

          Pendant six ans l'absence de "bras" a laissé l'agriculture en abandon, les usines également. Petit à petit le village reprend son activité laborieuse malgré le maintien des cartes alimentaires et divers bons d'achat. Mais avec la liberté retrouvée, c'est bien plus supportable, et bien plus stimulant.

 

 

Hommage à Jacques Favel

 

 

          "La famille FAVEL vient habiter au quartier de la plaine en 1933. Jacques a alors onze ans. Après son C.E.P, il entre au collège d'Aubenas en Ardèche de 1937 à 1941, puis il est bonnetier à l'usine Vald'ereau à Ganges et fait partie des Scouts de France.

          En 1942, il est appelé aux chantiers de jeunesse de l'Ardoise dans le Gard, mouvement remplaçant le service militaire car les conditions d'armistice limitaient le nombre de soldats qui étaient tous des engagés.

 

          Sa démobilisation se fait peu de temps avant la loi du 16 Février 1943 instaurant le S.T.O, qui livrait les jeunes des classes 1940 / 41 / 42 / 43 à l'ennemi pour les faire travailler en Allemagne. Jacques, pour échapper au S.T.O., part pour St-Rambert Ile Barbe au Nord de Lyon dans un collège tenu par des Pères et des Frères dont un est l'ami d'enfance de son père Jacques.

          En échange de sa clandestinité, il se rend très utile dans ce collège mais, dénoncé en Juin 1944 par un collabo (un homme acquis à la révolution Nationale de Pétain qui prônait la collaboration avec l'Allemagne).

 

          Le 10 Juin 1944, il est contraint de rejoindre un camp de travail à Düsseldorf en Septembre 1944. Il se bat avec un Allemand qui maltraitait un jeune Français, compagnon de travail condamné par le tribunal de Düsseldorf au camp de concentration.
Il va tout d'abord à Rawensbrück, puis est dirigé sur Buchenwald. Là il est affecté au Kommando Zwieberge Kommando qui creuse des galeries dans une colline pour créer une usine souterraine. Il meurt, à Langenstein qui était le Kommando central des détenus creusant les galeries, le 28 Mars 1945,
quelques jours après son vingt-troisième anniversaire et peu de jours avant la libération du camp par les alliés le 11Avril 1945."

 

 

Georges WEBER.

 

 

          A l'occasion du quarante-neuvième anniversaire du Souvenir des Déportés, le 24 avril 1994. Le Conseiller Général, Louis RANDON, la municipalité de Cazilhac, les délégations de diverses formations, Anciens Combattants, Prisonniers de guerre et S.T.O, se réunirent devant le monument aux morts de la Mairie. Après avoir chanté une vibrante Marseillaise, le premier Adjoint donna lecture du message commun des Associations des Déportés. Ensuite, le secrétaire du groupe local S.T.O., Francis ROUSSEL, prit la parole pour honorer la mémoire des victimes des camps nazis de travail forcé avec des détails bouleversants.

 

          Ensuite il rendit hommage à Jacques FAVEL en retraçant sa courte vie, hélas.

 

          Une minute de silence fut observée.

 

          Les guides de France présentes à cette cérémonie entonnèrent la Prière des scouts. Puis, on déposa une gerbe aux "plaques" des trois victimes de la guerre de 39/44, dont deux périrent en S.T.O., la troisième, un soldat tué dans un bombardement à Dunkerque. Le verre de l'amitié fut offert par la Mairie à tous les participants à cette cérémonie.

 

 

 

Le canal

 

 

          Après la construction du barrage (1740), la première partie du canal jusqu'au Pont Vieux fut construite en 1772/1776 par Charles de VISSEC, Marquis de Ganges. Sa fonction a contribué pour une large part au développement économique de notre village et de Ganges.

 

          Son énergie transformée donna un essor spectaculaire à l'industrie et à l'agriculture. C'est encore lui qui va donner au quartier du Pont la dénomination de : "Quartier Industriel".

 

          Le deuxième tronçon, Pont Vieux-Valmarie fut élaboré en tuyaux de terre cuite vers la fin du 18ème siècle. Il appartenait au Marquis de JUIGNE de la TUDE. Il avait pour principale vocation d'irriguer les terres qu'il possédait sur Cazilhac.

 

          Notre premier cadastre exécuté en 1836 nous en précise le tracé exact : pratiquement le même que l'actuel mais légèrement déplacé sur l'ancienne route Ganges-Brïssac et Ganges-Agonés. Il passait devant la magnanerie, ensuite devant une maison de forme carrée, surélevée par la suite, devenue le Château que nous connaissons, section B sur le cadastre, maison plus surélévation, matrice cadastrale n° 10, propriétaire Monsieur le Comte Charles de RODEZ... Et termine son parcours dans la rivière.

 

 

 

          Initialement ce canal devait emprunter des terres plus intérieures pour alimenter la Gourgue à la Rouzigoune.

 

          Il ne s'est pas fait pour diverses raisons.

 

          Ce fut la sixième Meuse qui amena l'eau à cet endroit précis, par la suite, à l'aide de tuyauteries en terre cuite. Lors de travaux agricoles de défoncement, on a découvert ce conduit.

 

          Le troisième canal est celui que nous connaissons aujourd'hui, il a été "formé" en 1856 par la Marquise de JUIGNE. Lui aussi a été vital pendant ce19ème siècle et il doit continuer à le rester ! Que serait cette immense plaine dépourvue d'irrigation, mieux vaut ne pas y penser ! Ce canal a été acheté en 1920 à la Marquise de CASTELLANE, fille de la Marquise de JUIGNE par Monsieur le Comte Henri de RODEZ.

 

          Il va percevoir les redevances des usagers sur le droit à l'eau. Ces redevances deviendront ridicules dans les années suivantes et ne permettront pas d'entretenir sérieusement l'ouvrage et encore moins d'envisager des grosses réparations.

 

          En 1980, un groupe de propriétaires, usagers du canal, mais animés de bonne volonté, crée dans un premier temps une association libre, modifiée par la suite en A.S.A. (Association Syndicale Autorisée). Elle est gérée par la perception à qui tous les usagers, y compris le propriétaire du canal, doivent verser leurs redevances. Cela va permettre à cette A.S.A. d'obtenir une subvention appréciable du Conseil Général de l'Hérault : 30 000 francs répartis en six ans.

 

          Depuis cette année-là, régulièrement le canal est réparé partiellement et correctement entretenu. De cette façon son existence va perdurer...

 

          Enfin, c'est grâce à lui que tournent nos Meuses à l'image de fontaines géantes, par son "moteur naturel". C'est toujours lui qui apporte à nos oreilles ce doux clapotement. Sans lui, tout cela serait figé dans un silence lugubre...

 

 

 

Les Meuses

 

 

          Elles sont toutes situées sur le territoire de Cazilhac.

 

          Les deux premières furent construites sur le premier canal élaboré vers la fin du 18ème siècle.

 

          La première, appelée "La Grande Meuse" par ses treize mètres de diamètre, alimentait les sept fontaines de la ville de Ganges et le Château de la Marquise (projet du 26 novembre 1780). De cette oeuvre gigantesque, il ne reste plus que le support curieusement marqué en tête de mâchicoulis d'où tournait cette impressionnante machine hydraulique. La deuxième (disparue aussi) fut implantée en 1836 à quelques dizaines de mètres, elle irriguait des terres privées.

 

          Suite à la construction du deuxième canal en 1856, six autres vont être implantées, dont cinq sont encore en place aujourd'hui et quatre en mesure de fonctionner

 

          Avec l'autorisation de la Marquise de JUIGNE, propriétaire du canal, les riverains saisirent l'opportunité offerte : d'implanter leur propre Meuse afin d'irriguer leurs terres qui étaient condamnées à la sécheresse l'été. Leur diamètre fut calculé en fonction du niveau de leur terrain et de leur déclivité.

 

          Pendant de longues années, elles ont joué un rôle important dans le développement économique de la polyculture au village Bas dit "La Plaine". Usées par le temps, délaissées, peu entretenues, elles ont failli disparaître de notre patrimoine communal... :

 

 

          - La première, située au quartier de la Pilote a été réalisée en acier, elle irriguait les terres du Ponteil. Sa canalisation traversait la rivière et, par siphon, remontait sur la berge ou l'eau se déversait dans un bassin de la propriété. Cette canalisation a été emportée lors d'une crue importante de l'Hérault. Privée d'une partie de ses pales, la roue à aubes ne tourne plus.

 

          - La deuxième, de moins grande dimension, tourne et remplit son rôle d'alimentation.

 

          - La troisième, de dimension modeste, fournit de l'eau à son bassin dont le trop-plein se déverse dans le canal.

 

          -La quatrième est la seule à remplir ses fonctions d'origine, mais ses deux faces ayant subi des effets différents dans l'implantation des godets, risque sa condamnation à plus ou moins longue échéance.

 

          Elle est néanmoins classée le 13 novembre 1980 par le Ministère de l'environnement et celui de la culture.

 

          "art, l. Est classée parmi les monuments historiques "La Meuse", avec son mécanisme, située sur le canal d'irrigation de "La Plaine" à Cazilhac Hérault figurant sur le cadastre section A.B, sous le n° 196. "

         

          "art. 2. Le présent arrêté sera publié au bureau des hypothèques de la situation des immeubles classés. " Conversation des hypothèques de Montpellier le 10 avril 1981.

 

 

          -La cinquième, située dès avant le portail du domaine de Valmarie, représente les mêmes caractéristiques que sa voisine et fonctionne parfaitement et pour cause... Lors des travaux du réseau d'assainissement du village, elle a été victime d'un creusement trop profond au pied de son bâti. Elle s'est couchée sur le côté avec toute sa structure. Une grue géante est venue la sortir de sa mauvaise posture, l'a déposée délicatement dans le pré voisin et, après réfection de l'ouvrage, l'a remise en place dans son bâti rénové.

 

          - La sixième qui alimentait, il y a quelques dizaines d'années, la Gourgue à la Rouzigoune, distante de 500 mètres. La canalisation était équipée d'un bélier qui montait l'eau dans la tour du Château, assurant ainsi l'alimentation de cette superbe résidence.

 

          Trois d'entre elles furent remises à neuf par le menuisier Journet de Sumène qui, fier de son oeuvre, dira : "Construite de cette façon, elles tourneront un siècle et au-delà". Seul l'avenir nous confirmera ses dires !

 

          A l'origine de leur construction, en 1890, ces quatre Meuses ont été fabriquées avec du bois de chêne vert issu des réserves du Mas de Beuvière, situé sous le Suc, commune de Brissac. Leur mécanisme, un axe d'acier de soixante-dix millimètres, fonctionnait sur coussinet de chêne vert, par la suite coussinet de bronze.

 

          Que vont devenir ces Meuses, si elles ne sont pas ou plus entretenues ? Chacun de nous, habitants de Cazilhac, sommes très attachés à ces Meuses. Elles sont les témoins encore vivants de notre histoire. Peut-être qu'un ou plusieurs "tuteurs" intéressés, en se manifestant, pourraient faire perdurer leur fonction élévatrice de l'eau, ou l'agrément de fontaines aériennes... ne serait ce que pour le plaisir de nos yeux. C'est à juste raison que le Conseil Municipal a baptisé la route de ces fontaines : Route des Meuses.

 

          Au fait ! qu'il nous soit permis d'apporter une légère rectification, suite à l'article paru dans un grand quotidien régional intitulé : "Ganges, quand tournent les Meuses !" Les Meuses tournent... C'est exact ! Mais c'est à... Cazilhac ! Rendons à César, ce.....

 

 

 

Clément RIBARD

 

 

 

Pasteur - Maire - Historien

 

 

 

          Un homme de caractère...

 

          Le 29 Juillet 1896 Clément RIBARD est élu Maire du village, au bénéfice de l'age. Six voix pour, six voix contre Barthélémy FESQUET qui est élu le même jour son adjoint.

 

          Après son élection, il prononce le serment d'usage : "Je jure fidélité au gouvernement de la République ainsi qu'à ses lois qui ont pour base : Liberté - Egalité - Fraternité". Il délègue pouvoir à son adjoint, en qualité d'officier de l'Etat civil.

 

          Il prend une participation active à la gestion de la Mairie qui souffre du manque de trésorerie dû aux divers travaux effectués : adduction d'eau, construction d'école et de Mairie qui a contraint la Commune à de gros endettements et en conséquence à des remboursements adéquats.

 

          Il fait réglementer la concession d'eau à débit libre pour lutter contre le gaspillage en imposant un robinet d'arrêt. Il menace sous peine de fermeture immédiate de distribution, si un refus de droit de pénétrer dans la propriété est observé par les agents désignés. Les contrevenants se verront dresser procès-verbal et seront poursuivis devant les tribunaux compétents.

 

          Très peu de temps après son élection, il adresse, en pleine séance du Conseil, un blâme très sévère à son prédécesseur Achille Gros (réélu Conseiller Municipal) pour faux en écriture "Somme allouée de 40 Francs à un garde inexistant".

 

           La réponse de Monsieur GROS est la suivante : "C'était pour sauver un individu (sans citer de nom) qui allait être saisi de ses meubles." Monsieur GROS se lève et humilié quitte la séance.

 

          Lors d'une autre séance, Monsieur Clément RIBARD n'est pas d'accord sur l'acquit accordé à Achille Gros le 20 Janvier dernier, suite à la concession d'eau gratuite.

 

          Le nouveau Maire précise au Conseil que ce jour-là Monsieur GROS était président de Commission et signataire de cet acte et qu'il était personnellement intéressé dans l'affaire... Considérant que l'article 64 de la loi du 5. Août 1884 déclare annulable toute délibération à laquelle aurait pris part tout membre du Conseil, normalement intéressé dans l'affaire. Le Conseil délibère et déclare à la majorité absolue : "Annulable la délibération du 20 Janvier portant don gracieux et viager à Monsieur GROS". Délibération qui d'ailleurs n'a reçu aucune approbation préfectorale. "Estimé que Monsieur GROS est l'un des plus riches propriétaires de cette Commune et n'a nul besoin de ce don, qu'il est justice qu'il soit soumis aux même règles et conditions que les autres habitants de cette Commune". Fin de citation.

 

          En 1897, Monsieur RIBARD s'adresse à son Conseil et donne lecture du communiqué suivant. "Suite à l'emprunt contracté en 1888 pour l'adduction d'eau au village, la situation financière de la commune devenue de plus en plus mauvaise, il considère que cette situation lui a été léguée par les précédents administrateurs et n'engage en rien la responsabilité morale pour donner une sanction légale aux faits existants et suite aux considérations nouvelles, demande au Conseil de voter une imposition supplémentaire de 15 centimes en plus de l'ancienne fixée à 22 centimes".

 

          Poursuivant son élan économique, il supprime "momentanément" les postes de garde champêtre, garde forestier et l'indemnité donnée au commissaire de police de Ganges pour la surveillance de Cazilhac. Il fait une demande à l'administration des Eaux et Forêts afin d'effectuer la vente des truffes de notre forêt communale.

 

          Suite à la vente des anciennes écoles, située à l'Eglise (Maison Bertrand) adjudication du 12 Avril 1896, qui ont amené la somme de 2 320 Francs. Il propose au Conseil qu'il serait plus sage de réserver les fonds de cette vente pour payer en partie les dettes de la Commune, plutôt que d'édifier une tour à la nouvelle Mairie pour abriter l'horloge.

 

          Son Conseil ne le suit pas, on passe au vote. Résultat huit voix pour, une voix contre. Est-il nécessaire de préciser que la seule voie contre... n'est autre que celle du Maire ! Il n'en tient nullement compte et refuse ce transfert.

 

        



04/06/2008
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