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          Petit retour en arrière.

 

          Nous sommes sous le règne de Napoléon III, la fête nationale se célèbre le 15 Août au lieu du 14 Juillet. "Sur ordre de sa Majesté Impériale est attribuée ce jour-là, une distribution gratuite de pain et de viande, aux indigents du village... mais avec l'argent de la commune."

 

          20 Mai 1853, premier projet de construction du nouveau pont Ganges-Cazilhac à péage. Réactions spontanées de la population et délibération du Conseil qui s'en suit : "bien fondé sur le pont qui facilitera les meilleurs rapports, d'échanges existants avec Ganges, mais pas d'accord sur le péage."

 

          Une importante subvention est octroyée par le Conseil Général pour terminer le plus tôt possible les routes à moyennes et grandes circulations, participation de la Mairie à concurrence de 1 285 francs, plus les prestations de services. Il est utile de savoir, qu'à cette époque, les prestations de services gratuits étaient obligatoires pour les propriétaires riverains des chemins ruraux appartenant à la commune. Cela pénalisait les plus petits d'entre eux, très souvent salariés, les plus importants perdaient quatre à cinq journées de travail minimum par an.

 

          Dans sa séance du mois de Mars, le Conseil vote des fonds à l'entretien de ces chemins, supprime lesdites prestations, pour le motif que voici "Privation de leurs travaux journaliers, qui risquent à l'entretien de leur famille". Un cantonnier sera employé à cet usage et touchera pour dix mois de salaire 450 francs par an.

 

          Sur décret impérial, le jour de la fête nationale, le 15 Août, sera distribuée la somme de 35 francs, repartie entre les familles des militaires morts devant l'ennemi 25 francs et 10 francs aux pauvres du village. Comme d'habitude, cet argent est prélevé sur le budget communal.

 

          Cette même année, on installe une taxe sur les chiens, après accord préfectoral, elle sera la suivante :

Catégorie1
Catégorie2

Catégorie3

  Chien de luxe
  Chien de chasse
  Chien de garde et Berger

     10 francs
       5 francs
       2 francs

          Cette même année, on crée à Ganges un important marché aux cocons. L'industrie de la soie marche très fort, 250 ouvriers et ouvrières du village travaillent dans nos usines au Pont Vieux, si bien que les agriculteurs se plaignent de "manquer de bras" pour la terre. Dans la même lancée sont créées les foires d'Avèze, Rogue, Mondardier, St-Laurent le Minier, et chez nous, plus tard. .

 

          Le Conseil donne son accord le 15 Mai 1859 à la Mairie de Ganges qui souhaite construire un barrage sur l'Hérault pour alimenter plus abondamment la ville en eau. Ce barrage nécessite un appui sur notre territoire communal. Bien sûr, la Mairie donne son accord... mais en compensation "elle demande seulement, et dans le cas de ses besoins, ou par la suite, de profiter du trop plein qui se déverserait dans la rivière". Complément de réponse inutile car Cazilhac, par la suite, aura son alimentation en eau.

 

          Ce qui met en projet la démolition de l'aqueduc (construit en 1778 après l'édification du premier canal) situé sur la route de St-Laurent le Minier à Cazilhac. Son pilier central devenu gênant, sa conduite d'eau aérienne fuyant perpétuellement et formant d'énormes plaques de verglas l'hiver conduisent les industriels et les ouvriers à déposer une pétition en la Mairie.

 

 

 

Bureau de bienfaisance

 

Aide aux indigents

 

 

          Malgré cette poussée fantastique de l'industrie, l'abondance de travail hommes, femmes et enfants, un déséquilibre social se creuse entre les productifs et les non-productifs. Autrement dit : "les handicapés" de l'époque, appelés les indigents, dont il est fait mention depuis des lustres, secourus par les Marguillers, la Fabrique et la Mairie, font encore l'objet de l'attention de . l'Etat. Sur instruction du Préfet, les maires doivent assurer gratuitement les services médicaux et les médicaments aux indigents. C'est à cette date qu'est créé le bureau de bienfaisance à Cazilhac pour répertorier les nécessiteux et leur porter secours.

 

          Suite à l'attentat, contre l'Empereur et les siens, le Conseil adresse le message suivant à sa majesté : "Le Conseil adresse son indignation suite à l'attentat commis envers ses Majestés, pour ses jours si précieux, et fait un rempart de son corps pour les protéger".

 

          En 1867, il y a un déficit important du budget communal, plus de 7 000 francs. Les employés municipaux : garde forestier 600 francs, garde
champêtre 450 francs, les 2 instituteurs 1 400 francs, secrétaire de mairie 650 francs ne sont pas payés pendant 7 mois. Notre service public est totalement arrêté, plus rien ne fonctionne dans la commune, mis à part les cultes religieux. On procède d'urgence à la vente d'une coupe de bois pour combler le déficit.

 

 

 

 

Fin de la construction de ta Rampe de la Cire


Projet de voie ferrée et gare à Cazilhac


Ouverture de la ligne Lunel - Ganges - Le Vigan

 

 

          Nous sommes en 1866, on termine la Rampe de la Cire, nouvelle route Brissac-Ganges livrée à la circulation depuis quelques années. La France développe son réseau de voie ferrée à grande cadence. Sont soumis au Conseil divers projets de construction de ligne de chemins de fer.

 

          En 1862, le 12 Juin, projet Gallargues-Ganges-Le Vigan.

 

          En 1870, Ganges-Montpellier.

 

          Le Conseil donne un avis favorable, un intéressement dans ce dernier projet du fait que Cazilhac, comme Ganges, dépend plus administrativement de Montpellier que de Nîmes. Il propose l'établissement d'une gare à Cazilhac qui faciliterait l'écoulement plus rapide des produits locaux. Il propose même l'arrêt de l'achèvement de la Rampe de la Cire pour une mise de fond sûr ce projet.

 

          En définitive, c'est la ligne de Lunel-Ganges-Le Vigan qui l'emporte, avec son ouverture en 1874 et la création de la gare de Ganges. Ce qui n'empêche nullement la poursuite de l'élargissement des chemins à grande communication.

 

 

 

 

Activités au village et Vie sociale au 19ème siècle

 

 

 

 

          Dès 1840, nous pouvons dire que de nouvelles orientations sont mises en route dont une d'entre elles, chez nous, est l'exploitation de l'argile. Les autres, situées hors du village, sont aussi porteuses d'emploi. C'est l'extraction du minerai de phosphate de chaux à la Grotte de l'ours et la transformation de cette matière première dans les fours à chaux de Laroque.

 

          Nous pouvons lire sur plusieurs budgets municipaux de l'époque tels que : Redevance de 20 francs pour une mine de mercure, 50 francs pour une mine de carbonate de chaux etc... C'est l'exploitation de la pierre lithographique aux Euzes et à Soutayrol d'où subsistent encore quelques vestiges ; l'extraction du minerai de plomb et de zinc à Saint-Laurent le Minier.

 

          Et principalement la sériciculture qui emploie une abondante main- d'œuvre saisonnière, avec au départ l'élevage du ver à soie et la filature de soierie en fin de parcours.

 

          Il est intéressant de préciser, surtout à nos jeunes lecteurs, que nos anciens se déplaçaient à pied.., et cela par tous les temps, bien souvent mal vêtus, mal chaussés, avec maintes fois leurs outils sur l'épaule, la musette en bandoulière contenant leur maigre pitance, la marmite de soupe d'une main et de l'autre, la canne ou bien une lampe à pétrole ou à carbure. Pour certains d'entre eux, c'était 10 à 15 kilomètres à parcourir pour se rendre et revenir du lieu de travail ; cela 6 jours sur 7, avec un labeur de 10 heures par jour selon la saison et si l'on ajoute les 2 ou 3 heures de route, cela représente beaucoup de temps passé hors de chez soi, pour aller gagner son pain quotidien.

 

          Voilà le portait type du travailleur de force du village au 19éme siècle, et avant aussi certainement... Il faut signaler que la main d'œuvre se devait d'être polyvalente et s'adapter à tous les travaux agricoles et par ce fait répondre à la demande saisonnière. Il était d'usage que les ouvriers se louent à la saison toujours selon l'offre et la récolte. Pour la saison du ver à soie 60 jours, cueillette des olives 11 jours, vendanges 10 à 15 jours, pour la "rusque" décortication du chêne 20 à 30 jours, pour les châtaigniers 8 à 15 jours. Bûcherons et charbonniers pratiquement toute l'année.

 

          Ouvrons une parenthèse au sujet de l'exploitation à outrance de nos forêts qui tout en apportant un plus au budget de 6 000 francs à 9 000 francs annuel, commençait à décimer notre patrimoine forestier de 180 hectares. Fort heureusement l'arrivée du charbon de pierre va bien l'épargner.

 

          En 1874, avec l'ouverture de la voie ferrée et de la liaison Lunel-Ganges-Le Vigan, notre canton améliore son transport de marchandises et de déplacement en nombre de ses habitants. Soyons conscients que les moyennes "dites rapides" n'excédaient pas 40 kilomètres à l'heure, en comparant avec la diligence, c'était l'actuel T.G.V. Mais tout de même, départ Cazilhac-Ganges-Lunel-Montpellier aller et retour demandait une journée complète...

 

          Les villages comme le nôtre, assez éloignés du chemin de fer, continuaient comme par le passé avant l'arrivée des camions et de voitures automobiles leurs livraisons de matériel ou autres formes de liaisons avec des charrettes, des chars à bancs, des chariots, des tombereaux à 2 ou 4 roues tirés par 1, 2 ou 4 chevaux et même quelques fois par un couple de bœufs. Les déplacements individuels ou collectifs pour les plus fortunés s'effectuaient en calèche et, pour les moins avantagés, avec la sympathique jardinière qui était encore un signe extérieur de confort. Mais empressons-nous d'ajouter que la majorité se déplaçait à pied et nous pouvons dire que nos aînés étaient, par obligation certes, de "sacrés marcheurs".

 

          Nous précisons aussi, dans cette vie de village et cela nous parait très important de le souligner, que le langage usuel était le patois, parlé à 90 % particulièrement chez les plus âgés qui ne savaient pas ou peu parler le Français, et encore moins le lire. N'oublions pas que l'analphabétisme qui règne dans la région est de 40 à 70 % et que malgré la présence de 4 écoles publiques filles et garçons et une école privée, par la suite, notre village ne peut se soustraire à cette situation. Une lettre de compte concernant, les ventes et louages d'herbage et de coupe de bois (conservée en Mairie), -en témoigne, les actes y sont écrits, certes en Français, mais avec quelques mots d'occitan jusqu'au 16ème siècle et ne sont guère améliorés au 17ème.

 

          Le sobriquet était de pratique usuelle : très curieux cette façon "d'affubler" telle ou telle personne en fonction de quoi ? Les affligeant ainsi. Quelques fois, l'étymologie de ces mots était bien fondée mais trop souvent dérisoire et humiliante. Par décence, nous n'en citons qu'un seul : l'Aoübret ! Afin de ne pas heurter la sensibilité de leurs descendants. Fort heureusement, cette double application est tombée en désuétude. Quoi que ! Encore... Il est bien difficile de fournir une explication à ce collage d'étiquettes ridicule.

 

          On recense en 1850, 650 habitants répartis en 137 maisons, dont dix maisons de Maîtres. La vie au village nous paraît bien organisée, le travail y abonde toujours. Le choix pour un métier ou une profession est devenu une chose possible à réaliser. On dénombre 56 cultivateurs, vignerons et jardiniers, 10 bûcherons-charbonniers, 1 vannier, 1 roulier (transporteur avec tombereau ou chariot), 4 cordonniers, 7 artisans fabricants de bas de soie, 1 bistrotier, 1 perruquier, 4 enseignants et 200 ouvrières et ouvriers (environ) qui travaillent dans nos filatures ou ouvrages en soie au quartier du Pont.

 

          Les conditions de travail dans ces filatures apparaissent souvent quelque peu inhumaines. Les journées d'été sont calquées sur celle du soleil, c'est-à-dire 16 heures par jour pour les adultes, 12 heures pour les enfants de moins de 16 ans. Chaque ouvrier est porteur d'un livret faisant mention de ses heures d'entrée et de sortie de l'usine. Les ordres sont indiscutables ! La soumission est de rigueur. Cela n'est guère plus confortable pour les travaux agricoles car à cette époque l'exploitation des vignes, des champs ou des forêts sont tout à fait rudimentaire avec un même nombre d'heures identique à l'industrie.

 

          Par la suite, à la fin de ce siècle, la loi de 1892 réglementera les heures de travail à 12 heures pour les hommes et 10 heures pour les enfants de moins de 16 ans et 11 heures pour les femmes.

 

          Naturellement aucune protection sociale n'existe, aucune indemnité pour la maladie, le chômage, la vieillesse. Ne parlons pas de congés payés, ces mots-là ne sont pas encore "utilisés" dans le langage du travail.

 

 

 

 

Translation du cimetière catholique

 

et Distribution du Courrier

 

 

 

          Elle a lieu en 1872, le terrain est acheté à Monsieur BENIQUET. Par la suite, il subit des agrandissements successifs, avec l'achat de terrains (1919-1921) à Monsieur Sarran. L'ancien cimetière va servir de Jardin du Presbytère avec allées de buis, plantation d'arbres à fleurs, jardin potager avec bassin d'eau, ensuite les Kermesses Paroissiales, la Messe en plein air.., et pour finir comme parking... quelle triste. fin...

 

          Amusante, cette anecdote ! Une plainte des habitants de Cazilhac adressée au service des postes au sujet de la distribution du courtier très tardive. Le facteur desservant la commune, dessert avant, celle de Gorniès, passe par la Serrane, à pied car le chemin est empierré et arrive tardivement au village.

 

          Nous retrouvons d'autres plaintes par la suite, toujours relatives à la distribution de lettres, le facteur fait une partie de sa tournée à Ganges, donc chez nous la distribution est faite à 16 heures et se termine à 18 heures, à croire que le courrier n'abonde pas !

 

          Ensuite c'est la faute du train qui arrive en gare de Ganges à 9 h 1/4, le courrier qui stagne au bureau des P.T.T, n'est distribué que le lendemain. Il y a seulement 630 habitants à Cazilhac.

 

 

 

 

Construction de Chemins à Moyenne Circulation

 


Démolition de l'Aqueduc

 

 

          A la suite d'une loi votée le 6 décembre 1879, accordant une subvention par l'état de 62 750 000 francs aux communes rurales, en vue de constructions de routes carrossables pour les chemins à moyenne circulation et le développement des chemins à grande circulation, de nombreux chemins sont entrepris et construits dans la commune.

          Le chemin de la Serrane part de Cazilhac-le-Haut avec rectification de parcours sur le territoire de Coupiac. Estimation du projet en 1881 : 23 791 francs, en 1886 : 33 035 francs.

          En 1872, est construit le chemin de la Baraquette à Val Marie. De Brancas au Puech Pointu, est classé et élargi le chemin du Mas de Mazel au Coustat. On empierre le chemin de Cazilhac-le-Haut à la Croix des Quatre Chemins, on construit le parapet au Pontil sur le Boulidou.

          A l'angle du Pont (Vieux), on démolit l'Aqueduc qui amenait l'eau du canal à Ganges, la circulation devenant de plus en plus active à cet endroit (croisement) avec la descente rapide du pont "gêne des conducteurs d'attelage pour une insuffisance d'espace, pour prendre la direction de Cazilhac".

 

          Le petit aqueduc, monté sur le rempart du pont, côté droit, en tuyaux de terre, qui auparavant amenait l'eau à Ganges sur le plan de l'ormeau sera démantelé. Quelques éléments subsistaient encore, il y a une cinquantaine d'années (souvenir d'anciens). Pendant ce temps Cazilhac construit ses citernes aux divers endroits de ses hameaux.

 

 

 

L'eau au village


Construction de fontaines et lavoirs

 

 

          C'est le 04 Novembre 1882 que la première étude d'adduction d'eau est faite par l'Agent VOYER de Ganges. Elle coûte 105 francs. L'opération consiste à emmener l'eau du canal ou de l'Hérault au village. Ce projet d'eau tombe vraiment à l'eau.

          Le 24 Août 1884, une deuxième étude est confiée à Monsieur BROULHIET, Ingénieur à Laroque. Après étude, il suggère que soit utilisée l'eau du canal et sa force motrice pour acheminer l'eau de la Vis à un réservoir qui en ferait la distribution dans tout le village. L'emplacement prévu serait celui qu'a occupé l'ancienne Meuse de Ganges. Coût de l'étude 400 flancs.

 

          Le 16 décembre 1886, une troisième étude est encore faite (qui coûte encore 400 francs) qui confirme les biens fondés de la précédente. Le coût s'élève à 47 430 francs. Ce projet se limite aux caprices "politiques" des conseillers municipaux, sans tenir compte des besoins de leurs administrés, ce qui est déplorable !

 

          Comment concevoir un village en pleine expansion économique industrielle où le travail abonde par l'emploi de main d'œuvre féminine dans cette industrie de luxe et paradoxalement ses 711 habitants dépourvus d'eau ! Oui, on y a construit des citernes, mais l'été elles sont souvent à sec. Les citernes néolithiques privées subissent le même sort et la corvée d'eau des habitants munis de comportes et de tonneaux pendant la sécheresse en direction du canal n'a rien de réjouissant.

 

          C'est vrai, cet ouvrage coûte cher, impressionnant même, pour une commune au budget de 13 400 francs, il doit se faire manuellement. Plusieurs kilomètres de tuyaux en fonte sont nécessaires ainsi que l'élaboration de fontaines avec leurs lavoirs, mais ne perdons pas de vue que le village a besoin d'eau.

 

          Le village va vivre pendant 4 ans à l'heure de "Cloche-Merle" complètement divisé en deux. Le premier vote du conseil municipal, le ler Avril 1884, en est le reflet : 6 voix, contre 4 voix pour, 2 abstentions. Nos élus ne tiennent nullement compte que la majeure partie de "leur village" est dépourvu d'eau, ou alors subissent-ils des pressions, ou des menaces, nul ne saura jamais !

 

          Il est évident que les habitants du village bas qui jouissent de l'eau du canal, en abondance, ne souhaitent pas supporter les frais des besoins des habitants du haut. Après ce vote défavorable, le projet est momentanément abandonné.

 

          L'année suivante Monsieur Achille GROS qui est le maire, donc intéressé au plus haut niveau par cette adduction d'eau, réitère sa demande au prochain budget. C'est alors que le vote bascule en sa faveur : 6 voix pour, 5 voix contre, 1 seule abstention. Très vite il est pris violemment à partie par de multiples contestations de la part de ses conseillers minoritaires qui, par la suite, appuyés par une pétition de 70 habitants font parvenir une lettre au Préfet avec les motifs suivants :

          - projet trop coûteux,

          - village largement pourvu en eau,

          - endettement trop élevé pour la commune.

          La réponse du Préfet est claire : "Projet annulé".

 

          Très vite, réaction du maire par lettre au Préfet, mentionnant que le village ne compte pas que 70 habitants mais bien 711. Aucune réponse préfectorale ne fait suite à cette requête.

 

          Deux ans de plus se passent... Six ans que le premier projet a été étudié... quatre ans de polémiques. La population réagit vigoureusement.

 

          Le 9 Juin 1888, le maire, avec insistance, demande au Préfet la réouverture du dossier car la population manifeste son mécontentement, elle est majoritaire pour ce projet. Le maire conclu sa lettre par cette phrase : "Projet vital pour la commune, devenu indispensable".

 

          C'est seulement le 17 Septembre 1888 que l'accord préfectoral arrive en Mairie, de commencer les travaux avec l'autorisation d'emprunt au Crédit Foncier de 54 000 francs, pour une durée de 22 ans. Le Préfet fait octroyer une subvention départementale de 5 000 francs, l'accord d'instituer une taxe de 22 centimes sur l'imposition extra-ordinaire durant toutes les annuités de l'emprunt. A titre indicatif, le salaire du Garde Champêtre est de 600 francs.

 

          La même année, un acte notarié est signé le 25 décembre 1888 avec la Marquise de JUIGNE, propriétaire du canal, contrat d'une durée de 50 ans avec une redevance annuelle de 500 francs. Aussitôt démarrent les travaux prévus, station de pompage (sur l'ancienne Meuse qui alimentait en eau le village de Ganges), réservoir d'eau à Brancas (150 m3), canalisations, fontaines, lavoirs.

 

          L'eau coule aux quatre coins du village, elle n'alimente pas les hautes maisons du hameau, mais reste à proche portée. C'est la joie dans tout le village, nous le comprenons. Le 24 Novembre 1889, c'est l'inauguration des fontaines et une grande réjouissance de la population. On fait la fête, le Conseil vote 500 francs pour en couvrir les frais. Le trop plein d'eau des fontaines et des bassins est vendu aux particuliers, contrat de 9 ans à raison de 20 francs l'an.

 

          Mais pourquoi donc toutes ces années de perdues, privant ainsi toute la population dans le besoin..., sans compter avec l'augmentation sensible (30 %) de l'estimation des travaux.

 

 

 

Un puits... Une embrouille... Un procès !

 

 

 

          Le Marquis de LAVALETTE (neveu de la Marquise de Ganges) et Joseph CAMBON font un procès à la Commune...

 

          Suite aux différents qui opposèrent en 1816 Pierre Rouvière propriétaire, voisin de la Cure et les Marguillers, le curé de la paroisse fut privé d'eau jusqu'en 1819. On se souvient qu'à cette date, le 3 janvier, pour mettre fin à cette interminable affaire, la commune a acheté à Pierre ROUVIERE cette maison dont elle était locataire depuis 1794.

Cette maison comprenait dans son ensemble un jardin entourant l'église, un four à cuire le pain et un puits, le tout payé après estimation 4 000 Francs.

 

          Aucune mitoyenneté du puits ne figure sur nos registres municipaux.

 

          La Commune, étant devenue propriétaire de l'ensemble, souhaite disposer de cette citerne comme elle l'entend et l'attribue au presbytère, soit au desservant de la paroisse qui en a été privé pendant plus de trois ans...

 

          C'est alors que le Marquis de LAVALETTE et Joseph CAMBON, propriétaire immobilier et voisin de la cure, revendiquent leur droit à ce point d'eau.

 

          Se référant aux actes anciens, ils prétendent que lorsque Pierre Rouvière avait acquis cette maison à Monsieur MEJEAN, acte Notarié passé chez Maître GAY notaire à Ganges le 10 floréal de l'an onze, ce puits souffrait déjà d'une mitoyenneté. Après son acquisition depuis peu par la Commune, celle-ci avait décrété cette citerne comme bien public donnant le droit à l'eau à tous les habitants du quartier.

 

          Le jugement rendu est le suivant :

          Le tribunal ordonne que soit rendu, le droit au puits à Monsieur le Marquis de la VALETTE et à Monsieur Joseph CAMBON et condamne la commune au remboursement des frais engagés par les plaignants. Les actes notariés nous faisant défaut, il nous est interdit de penser à une autre histoire que celle du pot de terre...

 

          A la suite de l'adduction d'eau au village en 1897, ce puits ne sera plus d'aucune vitalité.


 

 

Quelques séances du conseil Municipal...

 

 

 

          Une demande est formulée par la municipalité d'Agonès pour le rachat du pont à péage dit : "le pont en fil de fer" entre Brissac et Saint-Bauzille de Putois. Le Conseil émet un avis favorable à l'unanimité. Lors de sa séance du 24 février 1883, il projette l'élargissement du chemin à grande communication, Ganges-Cazilhac, traversée de la Baraquette.

 

          On projette la démolition d'une partie de la maison Anguiviel qui empiète sur la chaussée et masque la visibilité au carrefour. Monsieur RIBARD (au Boulidou) appuyé, avec pétition des habitants de Cazilhac-le-Haut, demande la création d'un chemin de la Baraquette à Cazilhac-le-Haut (La Rounzassière.)

 

          Le coût du projet s'élevant à 20 000 francs, ce chemin ne sera construit qu'en 1893. Ce jour-là est voté la suppression du qualificatif "le bas" à Cazilhac-le-Bas.

 

          Suite à une pétition des habitants de Cazilhac-le-Haut qui sont au nombre de 300, réclamant l'installation d'une boîte aux lettres, deux seules sont en place, l'une à la Baraquette, l'autre au quartier du Pont (devenu très industriel.) Le facteur se voit accorder une indemnité supplémentaire de 50 francs pour ce surcroît de travail.

 

          On installe un peseur public en la personne de Monsieur GOUNELLE : "qui s'engage à servir la commune pendant les saisons". Il lui est attribué une somme de 25 francs l'an.

 

          Le 4 octobre 1884, le Conseil repousse le décret préfectoral demandant à instaurer une taxe sur la glandée (ramassage de glands) sur le domaine forestier de la Commune.

 

          En décembre 1890, on supprime le poste d'agent de police et d'appariteur. On le remplace par celui de garde champêtre en la personne de Alphonse Mourgues, il percevra un traitement de 600 francs l'an.

 

          Vers la fin de ce siècle, la concurrence des soies grèges importées, envahissant le marché Français, va voir le déclin de la sériciculture dans notre région, "l'arbre d'or" (le mûrier) va être appelé "l'arbre de mort".

 

        



02/06/2008
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