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Naissance de notre département...


Demande de translation.

 

 

 

          L'Hérault anciennement, "ÉRAOÚ" en occitan, fut choisi parmi les deux autres cours d'eau le Lez et l'Orb pour son plus grand parcours et rendu officiel par les lettres du Roy le 22 Mai 1790 (anciennement département de Montpellier.)

 

          Cette proposition est l'œuvre des députés du Département, son orthographe fut définitivement fixée par la suite.

 

          Pouvons-nous cautionner sérieusement la version légendaire qui circule dans le canton à ce sujet : dans une époque lointaine (grand Diocèse d'Aquitaine sous les Etats Généraux du Languedoc) Ganges aurait été échangé géographiquement contre le Grau du Roy et Aiguës Mortes.

 

          Aucun écrit (pour l'instant) ne nous le confirme, mais peut être qu'il y a eu échange entre Diocèses, peut-on porter crédit à cette version !

 

          Ce dont nous sommes certains, c'est ce qui s'est passé à la formation des départements chez nous.

 

          Chacun de nous peut lire dans "Naissance de l'Hérault" que les premières contestations ne tardèrent pas à se manifester et que notre chef lieu de canton fut un des premiers, ce qui valut le titre distinctif à la ville de "Ganges l'intrigante".

 

          Le 4 Décembre 1789, le conseil général de Ganges (dont nous dépendons depuis des lustres) exprime sa ferme volonté : le canton sera compris dans le département de Montpellier ; espérant vivement de devenir Chef de district et qu'il lui soit accordé une justice Royale.

 

          Ganges peuplé de 4 000 habitants est un "Doyenné" situé au centre de vingt-deux Paroisses dont six font partie du futur département du Gard qui sont : Sumène, St-Martial, Roquedur, St-Julien, St-Bresson, St-Laurent.

 

          Au point de vue de la topographie (sa position d'enclave), l'orientation vers le Gard aurait été meilleure. Pour preuve, au 13ème et 14ème siècle, le canton de Ganges faisait partie de la juridiction de la Sénéchaussée de Beaucaire (approximativement route Beaucaire - Le Vigan.)

 

          Notre Chef de Canton indique que juridiquement et administrativement, il dépend de Montpellier et que ses relations commerciales sont excellentes. Il est vrai que Nîmes exerce sur lui une sérieuse concurrence dans le domaine des toiles de Cadis (Laine) et de la sériciculture (Soie.) Il y a encore bien d'autres motifs, mais passons !

 

          Le 9 Novembre 1790 moins d'un an après... Déçu dans ses ambitions, de ne pas être nommé chef lieu du district, il demande à être démembré du département de l'Hérault pour être réuni au département du Gard et... en devenir le Chef lieu de district.

 

          Monsieur DUCROS, maire de Ganges, par lettre à la Convention adressée le 3 Février 1792, invoque tout d'abord l'éloignement de plus de dix lieues de Montpellier, ensuite il fait valoir les justes raisons du démembrement de l'Hérault et les avantages que l'on doit attendre du département du Gard.

 

          En 1830, le 30 Octobre, la mairie de Ganges, ayant convaincu celle de Cazilhac, elles vont faire ensemble une dernière intervention pour cette distraction avec les mêmes propos : "un avantage inappréciable, intérêts identiques des deux communes" etc. etc.

 

           Cette énième requête sera à nouveau rejetée. Peut-être avait-on oublié tout simplement la proximité de notre excellent voisin le Vigan qui a très certainement mis un "veto" à ces demandes successives.

 

          L'ex-régent de la paroisse, le citoyen François TREMOULET est nommé "Officier Public", c'est lui qui prend en charge l'Etat Civil, le Curé ayant été destitué de cette fonction et de port de soutane.

 

          Le Consul avec ses agents municipaux gèrent et administrent la commune. Le 21 Juin de l'an 3 de la République, après le vote de la Constitution, rendant la liberté aux cultes et à l'enseignement, l'église est réouverte.

 

          Le Curé devient Vice-Officier Public de François TREMOULET. Cette même année, le citoyen GARRIC est nommé officiellement Maire et devient le premier magistrat nommé dans la commune de Cazilhac.

 

          Les délibérations du Conseil Municipal se font dans une pièce attenante au Presbytère appelée "Chambre de Délibération". Elle tient lieu de maison commune et son loyer est fixé à 34 francs l'an ; on répare, on embellit cette chambre pendant près de 20 ans...

 

          L'absence brutale d'archives communales, de 1795 à 1800, nous prive d'informations fort intéressantes, pour la raison suivante, c'est le moment où les Ecoles Communales ont commencé à fonctionner et que l'on projette d'acheter la vieille masure du Sieur ROUVIERE à l'Eglise.

 

 

 

 

 

Cazilhac... et sa polyculture aux 18ème et 19ème siècle 

 

 

 

 

          C'est une période non négligeable, pour notre village, avec un apport financier appréciable pour les familles nombreuses souvent en difficultés. Notre terroir, aux 17ème et 18ème siècle est en pays d'élevage, nous le savons déjà, et l'on y produit de la laine, matière première, qui à cette époque, sert à la confection des grosses toiles de Cadis ou de Sargas.

 

           Le confort vestimentaire se fait ressentir en France. La laine commence à être délaissée, au profit du coton et de la soie, donc mévente de ce produit ; changement de culture oblige.

 

           C'est avec un retard considérable que Cazilhac se dirige sur la production du cocon, et pourtant... c'est avec beaucoup d'ardeur que le village se lance dans la plantation des mûriers et c'est par milliers qu'ils vont être plantés, en bordure des vignes, des chemins et routes communales même, et quelque fois en plein champ.

 

          Rapidement, l'élevage du ver à soie se rentabilise. A noter, un passage à vide qui va perturber pendant 20 ans cette culture, "la pébrine" maladie du ver à soie, qui sévit surtout à partir de 1850.

 

          La récolte du cocon devient médiocre et quelques fois nulle. Le découragement gagne peu à peu nos laborieux ancêtres. Mais que faire d'autre? Les mûriers sont en pleine productivité, il est hors de question de les arracher... et s'orienter vers quelle solution de remplacement? La vigne? Il y en a déjà, et le Phylloxéra commence à faire des ravages sur les vignobles.

         

          Un sérieux passage à vide...

 

          La maladie du ver à soie vient d'être enrayée, et la production du cocon redémarre aussitôt. Les prix de vente, malgré la suprématie des négociants et filateurs, restent corrects mais sont toujours annoncés après la récolte.

 

          Il y a peu de temps encore, on pouvait apercevoir une barre cintrée qui entourait une grosse branche du platane en face la citerne de la Mairie (que l'on a supprimée sans raison justifiée.)

 

          A cette ferrure, était accrochée "La Romaine" communale appartenant à la Mairie, elle servait plus particulièrement à la pesée des cocons. Elle était renommée pour sa précision par les acheteurs de cocons qui la considéraient comme officielle et ne voulaient en aucun cas faire la pesée avec un autre instrument de ce genre.

 

          L'ouverture du Canal de Suez en 1869 a introduit plus rapidement les soies grèges. En cette fin de siècle, les prix vont fortement chuter par l'importation massive de la soie orientale, très compétitive sur le marché. Les primes d'état offertes aux filateurs pour le maintien de cette activité ne dureront pas longtemps. Cette culture va s'éteindre tout doucement au fil des années, pour disparaître totalement avec l'apparition de la soie synthétique.

 

          L'arboriculture et son arbre "nourricier" :

 

          C'est le châtaignier qui porte à juste raison cette dénomination car la châtaigne faisait partie de la nourriture quotidienne au même titre que la pomme de terre ou les légumes secs. Nous savons également que tout le plateau de la Baraquette jusqu'au Boulidou était une immense châtaigneraie. La maladie de l'encre va atteindre, au 19ème siècle, cet arbre porteur de fruits.

 

          Peu à peu la forêt de châtaigniers va être arrachée pour être reconvertie en vignes ou en céréales. Nos aînés contemporains se souviennent certainement des châtaigneraies du début du siècle qui appartenaient aux familles JEANJACQUES, GOUNELLE, CAUSSE, RIBARD, etc... Seule subsiste encore celle de la famille MARTIN, correctement entretenue, témoin de la véracité de cette importante culture du passé.

 

          L'olivier. Arbre symbolique, mais très apprécié par sa production d'huile. Il avait été décimé, par les fortes gelées au 17ème siècle, mais il a été replanté par milliers de pieds, au bas de nos montagnes à leurs flancs. Sa production est restée effective jusqu'au début de ce siècle et donnait un apport complémentaire aux familles, et puis quel habitant n'avait pas dans sa cave ses jarres en terre pleine d'huile et ses tonneaux remplis d'olives vertes ou noires pour sa consommation personnelle.

 

          Encore une culture qui a disparu...

 

          Quelques témoignages d'un passé céréalier où l'on produisait en quantité modérée le blé et le seigle, aux lieux dits tels que l'Aire de Frézal, l'Aire des Lavagnes, etc...

 

 

 

 

 

 

19ème siècle (Invention de l'Electricité)

 


Fonctionnement administratif et communal

 

          1800, nous savons que le premier Consul Napoléon nomme les Préfets sur liste de Notables et que les Préfets à leur tour nomment les Maires et désignent les Conseillers Municipaux toujours parmi les notables du village. C'est ainsi que nous trouvons, en 1800 avec la réapparition des archives, la nomination de Jean RIBARD en qualité de deuxième Maire de Cazilhac et de ses neuf Conseillers Municipaux dont un adjoint Pierre FOULQUIER (futur maire), Michel CAMBON, Louis CASTELVIEL (et non De Castelviel), Jacques RIBARD, Pierre DURAND, François GOUNELLE, Guillaume GUIBAL (fils de François Guibal), Pierre GROS et François GUIBAL (père).

         

           Le 15 thermidor de la même année est nommé le Secrétaire de Mairie, en l'occurrence, François TREMOULET qui a déjà occupé les fonctions de Régent des Ecoles Religieuses et de la Paroisse, des fonctions d'officier d'Etat Civil, et qui est instituteur. Il lui sera attribué une somme de cent francs par an pour la bonne tenue de ses livres. Pendant toutes ces années de la première République, rien, absolument rien ne se fait, sans l'accord du citoyen Préfet qui transmet au Directoire Exécutif. Le citoyen Maire, pour toutes exécutions dans sa commune, adjudications d'herbage, vente de coupe de bois, construction d'un puits communal, doit en faire la demande et en obtenir l'accord, même pour arracher quatre mûriers gênants. Demande faite le 23 germinal de l'an 10.

 

          Le Percepteur se plaint (déjà) du retard des règlements des contributions directes.

 

          En 1806, le citoyen Préfet reprend son titre de Monsieur ; le citoyen Maire celui de Sieur. Le Sieur Pierre FOULQUIER est nommé le troisième Maire. Après son installation, avec ses conseillers, il fait deux demandes importantes au Préfet.

 

 

 

 

          La première, accord de réparer la Vieille Masure qui sert de maison commune et d'écoles (preuve de leur existence antérieure) ou bien "d'en construire".

 

          La deuxième, la population étant de 466 habitants, répartis en 216 catholiques et 250 protestants, demande un accord pour la construction d'un temple, pour l'église réformée en lui précisant bien qu'il y a 250 protestants dans la commune.

 

          Si on examine de plus près la situation, en 1806 on constate : que le Percepteur a beaucoup de mal à faire rentrer les deniers publics, que notre pays est en guerre, et que l'Etat ne peut nous donner de l'argent. La Mairie et les Ecoles, ainsi que le Temple, devront patienter... quelques décennies pour leur construction ! Le préfet donne tout de même son accord pour réparer la vieille maison.

 

          La même année, les 250 protestants, faisant partie de l'Eglise Réformèe de Ganges, demandent au Conseil de participer à l'agrandissement du Temple de Ganges. Celui-ci, accueillant les Cazilhacois, est devenu trop petit.

 

          Le Conseil accorde une aide de 4 000 francs pour l'agrandissement du dit Edifice, construit en 1605 (première construction.) Très rapidement, une pétition des 216 catholiques ne se fait pas attendre. Ils réclament la même somme pour l'achat de mobilier et d'objets religieux.

 

          Le 21 Janvier 1808, il est attribué au desservant de l'Eglise Catholique une somme de 200 francs, même somme attribuée au desservant de l'Eglise réformée de Ganges, pour son assistance aux Protestants de Cazilhac. Il en sera ainsi par la suite, les sommes allouées aux Marguillers (Comité Paroissial) sont identiques au Consistoire Protestant. Voilà une résurgence imprégnée de cette désastreuse guerre de religion...

 

          La commune a besoin de plus en plus d'argent, il y a les routes ou plutôt les petits chemins à empierrer à changer, créer de nouveaux réseaux, subvenir aux besoins des bâtiments communaux. N'oublions pas que le pays est en guerre et que l'Etat avec ses dépenses ne peut nous venir en aide. Aussi il est effectué une répartition des terres qui sont classées et imposées selon leurs qualités respectives. De la sestérée ou les dextres, nous passons à l'arpent qui est, toujours selon la région, environ 40 ares.

 

Sont classés :

 

Hors classes

Jardins irrigables

130 arpents

Classe 1

Pâturages et Roseaux

5 arpents

Classe 2

Châtaigniers

64 arpents

Classe 2

Terres Labourables

81 arpents

Classe 2

Vignes

68 arpents

Classe 2

Mûriers

108 arpents

Classe 2

Prés

230 arpents

Classe 2

Bois

40 arpents

Classe 2

Champs

165 arpents

 

          Soit au total 891 arpents qui ramènent à la Mairie 1266 francs de taxes.

 

Sont taxés également :


 

          - les Mas, et Maisons de Maître : 10 au total qui rapportent 153 francs ;

          - les Moulins à Huile, et à Farine, les filatures et ouvrages en soie : 1 100 francs.

 

          Nous avons un aperçu très net de la polyculture dans ce début du 19ème siècle. Les prés et les champs majoritaires, les jardins irrigables, les mûriers "arbres d'or" prouvent que la sériciculture marche très fort, la vigne et le châtaignier. Par contre le domaine forestier est peu important (16 hectares) ce qui nous permet d'avancer, que l'olivier était cultivé en montagne... où le chêne a pris sa place actuellement.

 

          Le 20 Janvier 1811, le Préfet nomme François TREMOULET "au poste de l'instruction, en échange de donner enseignement, à la lecture, l'écriture et l'arithmétique aux classes primaires : Instruction Catholique des Garçons".

 

          Il va rester en fonction jusqu'à sa retraite en 1851 après 40 ans passés à ce poste, et recevra les éloges de l'Académie de Montpellier.

 

 

...

 

 



02/06/2008
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